Le Crayon - Le débat de la semaine

Toutes les fins de semaine, retrouvez le débat qui l'a animée et rythmée.

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Par Le Crayon
25 févr. · 2 mn à lire
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Mettre les meilleurs dans la même classe ? - Ça fait débat.

Dimanche 18 février, la nouvelle ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse Nicole Belloubet a confirmé sur BFMTV l’instauration de groupes de niveaux au collège. Une mesure d’abord formulée par Gabriel Attal - lorsqu'il était encore ministre de l'Éducation nationale - qui devrait entrer en vigueur dès la rentrée scolaire.

LES FAITS

Dimanche 18 février, Nicole Belloubet a confirmé l’instauration de trois groupes de niveaux au collège. Ils s’appliqueront à deux matières, les mathématiques et le français, et à des élèves en classe 6ème et de 5ème, dès la rentrée scolaire. Ils seront ensuite généralisés jusqu’en 3ème à la rentrée prochaine. Outre ces deux disciplines, les classes demeureront « hétérogènes ».

Or, au moment d’évoquer les critères de répartition redoutés pour les opposants au projet, la ministre de l’Education a dit refuser de procéder à un « tri social ». « Le brassage, c’est ce qui fait notre nation (…) c’est aussi ce qui fait notre école » a-t-elle soutenu. À ce jour, « 87 établissements ont donné leur accord » a précisé Nicole Belloubet, pour participer à l'expérimentation du port de l’uniforme à l'école en vue d’une éventuelle généralisation de cette mesure en 2026. Dès lundi 26 février, quelques écoles de Béziers (Hérault) vont lancer ce test.

ÇA FAIT DÉBAT

Pourquoi mettre en place des groupes de niveaux ?

Les dernières enquêtes internationales PISA - présentant un bilan des compétences des élèves de 15 ans dans des domaines fondamentaux comme les mathématiques ou la compréhension écrite - montrent une forte dégradation des résultats des élèves.

« En mathématiques, la forte baisse observée en France entre 2018 et 2022 est la plus importante observée depuis la première étude PISA », informe l’OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économique). La proportion d’élèves français considérés comme « très performants » au test Pisa s’est réduite entre 2012 et 2022 (-5,5 %), alors que celle des « peu performants » a augmenté de 6,5 % durant la même période. Une baisse historique est néanmoins observée au niveau des 81 pays membres et partenaires de l’OCDE.

Qu’en pensent les professeurs ?

Les enseignants ont été nombreux à manifester ces derniers jours pour contester les groupes de niveau pour les collégiens. Selon eux, le dispositif, mis en place pour les en 6ème et 5ème en septembre, va bousculer l’organisation et le modèle du « collège unique » défendu par les syndicats.

De plus, malgré le recrutement d’un grand nombre de professeurs, le nombre d’heures initialement allouées à la mise en place de ces groupes semble être insuffisant compte tenu des résultats escomptés. Enfin, la volonté de la ministre de changer les élèves de groupe si leur niveau s’améliore ajoute un temps de suivi supplémentaire dont les enseignants disent ne pas disposer.

  • Au sondage : « Faut-il créer des groupes de niveaux en maths et en français au collège » publié le 14 novembre 2023 dans Le Figaro, 86 % des votants se sont dits favorables.

  • Selon une enquête, menée en novembre par le Snalc (3 000 répondants), près de 80 % des enseignants sont favorables à la mise en place de groupes de niveaux au collège. Seuls trois sur dix estiment être aujourd’hui «en situation de faire réussir les élèves».

  • Selon les calculs du ministère, la mise en place du dispositif nécessite 1.150 professeurs de français supplémentaires et autant de mathématiques, alors que le métier d'enseignants connait depuis plusieurs années une grave crise d'attractivité.

Gabriel Attal

Dès le 22 novembre, le ministre de l’Education nationale donnait le ton devant le congrès de l’Assemblée des maires de France. « Je n’ai aucun tabou (…) J’assume de dire qu’il faut revoir notre organisation si on veut élever le niveau général ».

Benoît Hamon, ancien Ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse de France

Le prédécesseur de Gabriel Attal Rue de Grenelle Benoît Hamon, resté en poste cinq mois, estime que la mise en place de groupes de niveaux revient à « s’assurer que ceux qui vont être désignés pour aller à la cave dès la 6e y resteront jusqu’au bout ». (Public Sénat, 06/12/2023). Même son de cloche pour Najat Vallaud-Belkacem.

Audrey Chanonat, principale d'un collège à Cognac (Charente) et membre du SNPDEN

Au sujet de Nicole Belloubet, Audrey Chanonat, principale d'un collège à Cognac (Charente) et membre du SNPDEN, le syndicat majoritaire chez les chefs d'établissements affirme : « Elle est dans un entre-deux », « On espère que ça va tourner dans le bon sens. Si on nous laisse un tout petit peu de marge et qu'on nous laisse la possibilité de faire les groupes qui conviennent aux besoins des élèves dans les établissements, ce sera une amélioration considérable ».

Une étude française de 2019 sur des classes de terminale, publiée dans la revue Éducation & Formations, souligne, par exemple, qu'évoluer dans un groupe de « bons » peut pénaliser aussi les élèves concernés, notamment les meilleurs. Une observation qui « peut traduire un effet négatif de l’exposition à la compétition » selon les autrices Béatrice Boutchenik et Sophie Maillard.


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L'école à remonter le temps

https://www.6play.fr/lecole-a-remonter-le-temps-p_25420

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Rédacteur en chef : Antonin Marin

Rédactrice en chef adjointe : Mathilde Bottazzi

Journalistes : Victoria Giami, Marianne Robin

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